I like Indifferent time
Le temps s'écoule, indifférent.
"Un texte court, écrivez un texte court, pour demain, oui, je vous donne 24 heures."
Les heurter, les mots, les cogner, se les cogner, puisqu'ils résistent, se décider à les prendre de front, puisqu'ils insistent, têtus, ils résonnent jusqu'à l'obsession. Les regarder face à face, et s'épuiser à essayer de les épuiser car ils persistent, les mots, toujours plus vifs, tellement tranchants, Phoenix maudits, compagnons trop fidèles. En chercher d'autres et ne pas les trouver et ne pas s'échapper, revenir toujours vers ces mots-là, toujours les mêmes, regarder tournoyer la spirale infernale des mots qui ensorcèlent et ne renoncent pas. Se prendre la tête dans les mains. S'être cru sauvé quelque temps. Indifférent le temps s'écoule.
Seul le temps change, le temps des mots. Sinon le temps indifférent s'écoule.
Prendre toutes les précautions, faire confiance à son instinct, tournoyer comme une bête en cage, hésiter, flairer le danger, et craindre les morsures des mots, ces petits animaux féroces, décider de faire vite, furtivement, ne pas rester trop longtemps en compagnie de ces charognards, tenter d'en sortir indemne. Echouer, peine perdue. Peine perdue... Certains mots semblent faits pour demeurer, éternellement vivants. Et ça vous tue.
Le temps s'écoule, indifférent.
Je t'écrirai demain.
N'oublie pas d'éteindre en partant.
Je t'attendais. L'imparfait, c'est un temps qui nous allait bien, n'est-ce-pas ?
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